Ce matin là

Ce matin là un ange est passé. Il rayonnait de beauté et de silence. Sa lumière m’a chauffé le coeur et fait monter les larmes.

Par une voie que je n’ai pas encore comprise, il m’a parlé dans mon intérieur, jusque dans chacune de mes cellules. Il m’a parlé avec douceur, avec bonté. Il rayonnait de certitude profonde et de délicate fermeté.
Il m’a dit : « Vois la Source et son amour infini! À chaque instant elle nourrit ton être, elle soutient ta vie, elle est en toi, elle est toi !
Ecoute son chant, le chant d’amour de la Source. Il chante en toi et anime ta musique intérieure. »
Puis il ajouta avec une bienveillance infinie : « Regarde cette image terrible d’un être humain perdu qui passe sa vie à lutter, à se battre pour réussir sa carrière, à stresser et stresser encore jusqu’à mourir épuisé dans sa maison enfin payée. il contemple hébété le sens perdu de sa vie. »
Il m’a regardé avec intensité :
« Ecoute l’amour de la Source… il coule en toi. Il est temps. Va toujours vers l’autre avec ça… »

Je me suis redressé dans mon fauteuil. Est-ce que j’ai rêvé ? j’ai dû m’assoupir.
Je ressens une grande fraîcheur, je tremble un peu. Je me sens merveilleusement bien.
Sur le tapis j’ai trouvé une plume blanche si légère.

Ce matin là en prenant mon petit déjeûner, j’ai senti l’amour de la Source, j’ai perçu son mouvement à l’intérieur de moi.
Puis je l’ai vu chez l’autre. Quand j’ai touché son corps, le mouvement était là, il pulsait, il dansait, il chantait, il libérait. Plus je jouais avec lui et plus il s’étendait.

Ce matin là, moins j’ai fait, plus l’énergie était là, dans son propre mouvement. Ma conscience et mon non-faire lui laissait l’espace.
Ce matin là, j’ai vu quelqu’un qui parlait de lui comme un enfant blessé, simplement j’écoutais, j’avais vraiment envie de comprendre. Et plus il parlait, plus cette énergie vivait en lui, je la voyais grandir. A la fin sa voix et ses paroles étaient changées, il parlait en être profond.
Ce matin là j’ai senti sous mes mains ce mouvement si subtil et si délicieux. Il provoque le relâchement des tensions parfois avec des larmes et des soupirs pour devenir vie et sourires.
Ce matin là, j’ai dansé avec le corps énergétique d’une femme mure. C’était une danse de vie, de plénitude et de conscience.
Ce matin là, je me suis donné la joie et la confiance de l’amour de la Source. J’ai eu envie de l’accueillir en moi et de le partager.
C’était hier, il y a longtemps.

D’une manière évidente, l’amour de la Source et son mouvement de vie sont au centre de tout acte thérapeutique et surtout dans la profondeur consciente de chaque thérapeute.


Jean-Charles Aubert