Chemin de Vie de l’Animateur

Fils de paysan, j’ai passé mon enfance à la campagne. J’étais très en contact avec la nature, développant beaucoup de sensualité et de contact profond avec le végétal, les animaux, la rivière, la terre et le ciel qui m’ont offert les bases d’une spiritualité vécue et innocente. Combien de dialogues avec le soleil ou combien d’extases en sentant le parfum de la terre ou de la forêt pour l’enfant ouvert que j’étais.

Les modèles familiaux m’ont peu à peu façonné d’une manière très normale. Le début de ma vie a été complètement classique, normal. Je me retrouvais marié et père de famille à 23 ans.
Après de nombreux essais dans l’agriculture, le bâtiment et en tant que chauffeur, je trouvais enfin une voie professionnelle passionnante dans les hôpitaux.
La vie de couple ne répondant pas à mes espoirs en amour et en sexualité, je me réfugiais dans le travail.
Je réussis brillamment trois formations dans les soins infirmiers, redorant ainsi mon blason professionnel.
Je me retrouvais vers trente ans en échec de couple. Après mon divorce, je me remis rapidement avec une autre partenaire, sans me laisser le temps d’intégrer l’expérience précédente.
Je me sentais ni heureux ni malheureux mais avec un mal être et beaucoup de tensions dans le corps que je calmais un peu dans les bras de ma partenaire.
Sans l’identifier , je vivais les deuils : de ma vie de couple, de mes illusions et de la vie de famille avec mes 2 enfants.
Trois ans d’analyse ne me firent pas avancer beaucoup. J’avais l’impression de tourner en rond, tout ce que je comprenais ne changeait rien de concret.
L’analyse transactionnelle ne donna pas de grands résultats. Je m’efforçais de comprendre toujours davantage pour tenter en vain de résoudre quelque chose de ma vie et ses problèmes.

Enfin je participai à un stage de massage. L’animateur me toucha avec une telle présence, un tel amour, une telle délicatesse que je fondis en larmes. Face à de telles qualités une partie de moi totalement débranchée se remit à pulser.
Moi qui n’avait plus pleuré depuis 15 ans, je sanglotai tout le week-end avec l’impression de mourir de désespoir. Je croyais aller très mal.
J’ai pleuré la perte de mon chien, de mes espoirs amoureux, de ma vie de famille, de la vie commune avec mes enfants en étant merveilleusement accompagné par la présence rassurante et accueillante de Carlos. J’en ai eu pour plusieurs jours avec un peu de mal à accueillir cet état que je considérais comme de la faiblesse.
Après ça je me suis senti calme et apaisé. Je comprenais que jusque là je m’étais blindé pour ne pas sentir mes douleurs. Ce blindage, qui me protégeait des douleurs m’empêchait aussi de ressentir l’amour et la joie. Je sentis que je ne sentais pas.
J’avais passé une première porte.

Vers 35 ans je me retrouvais dans une impasse professionnelle. J’étais responsable de bloc opératoire et service d’urgences, très identifié à ce poste. Je trouvais ce travail passionnant, mais je me sentais de plus en plus souvent en conflit avec le manque d’humanité et avec le pouvoir médical. Certaines décisions devenaient de plus en plus inacceptables tant elles oubliaient le chemin de la personne soignée. Je ne pouvais plus être complice de ce pouvoir là. Je quittai définitivement ce milieu pour une formation et une activité pédagogique en rapport avec les soins infirmiers ou j’eus tout loisir d’enseigner et de rendre attentif à d’autres aspects des soins comme la communication et l’accompagnement de personnes en évolution et en état de crise.

En parallèle, je participais à de nombreux stages de développement personnel et de thérapie avec des approches très efficaces comme la bioénergie, la Gestalt, la psychologie biodynamique, le rebirth et les massages. Toutes ces expériences me transformèrent beaucoup.
Je découvrais en moi plus de sensibilité, davantage d’affirmation et de joie, toujours plus d’élans de vie et d’écoute. Ma vie devint de plus en plus vibrante.
J’eus envie de devenir thérapeute en approche psychocorporelle et entrepris de nombreuses et fascinantes formations.

Le rebirth; un travail intensif et intense avec le souffle de vie qui offre la transformation, où et comment je ne l’attends pas.
La relation d’aide selon Carl Rogers; le climat d’écoute, la présence, la reconnaissance et l’accueil de l’autre comme il est et où il en est.
La végétothérapie reichienne; le travail sur la cuirasse musculaire et une ouverture à sa sexualité comme elle se manifeste.

Et plein d’autres approches merveilleuses.

Au fil de ma recherche, il devenait absolument évident que toute transformation passe par un processus corporel, ce qui n’est jamais facile pour l’égo et le mental. Le grand défit et dilemme, c’est de se transformer et de se guérir sans rien comprendre. Il n’est pas facile de reconnaître que beaucoup de vécus que l’on qualifie de problèmes sont simplement des processus de transformation.
Un passage difficile fait d’émotions comme la tristesse, la peur, la colère, avec des tensions corporelles ou des crises relationnelles, s’il est vécu en conscience sans l ‘analyser crée de grandes transformations et de nouvelles compréhensions. Ces transformations sont là, même si l’on ne peut absolument pas identifier le processus qui les a amenées.
Je vis aussi clairement comment, dans de nombreuses situations l’analyse, le diagnostic, les objectifs, le vouloir transformer et le vouloir comprendre stoppent le processus de transformation et fixent le problème.
J’explorai ainsi de nombreux courants thérapeutiques psychocorporels entre 35 et 47 ans.
Le rebirth ou travail avec le souffle fut un instrument précieux. Il permet une alchimie corporelle par un choc énergétique dans des zones inaccessibles de soi. Il crée ainsi une réactivation de mémoires corporelles et énergétiques et un état de conscience modifié qui permet de se percevoir autrement.
J’expérimentai que souvent la transformation ne se faisait pas où mon intelligence structurée par ma névrose la souhaite. Elle se réalise en accord avec ma sagesse profonde pour me révéler de manière de plus en plus évidente, renforçant ma réelle identité et la conscience de qui je suis vraiment.
Parfois je constatais : « Tiens je ne fais plus ça comme avant, là j’ai osé dire non ou demander, etc »
Sans comprendre de manière explicite où était la cause du blocage ni comment je m’en suis libéré. Par contre ce changement est irréversible.

Les approches du courant Reichien: bioénergie, végétothérapie qui sont actives sur la cuirasse musculaire (ensemble de tensions musculaires chroniques qui modifie la posture, donnant à la personne une attitude et un comportement névrotique) ont renforcé et intensifié ma manière de travailler. Les résultats obtenus sont parfois plus aléatoires. Pour certains types de blocages les transformations ou guérisons sont longues à apparaître ou alors le changement ne persiste pas après l’arrêt de la thérapie.
Ma rencontre avec l’approche de Carl Rogers et son attitude non directive, écoute active et authenticité, me touche beaucoup.
Je l’ai d’abord expérimentée comme une méthode, (elle était souvent enseignée comme une méthode parce que pas vraiment perçue par les enseignants).
Il me fallut environ 10 ans pour sentir qu’elle est une attitude d’acceptation profonde et authentique d’accueil et de reconnaissance de l’autre, une vision positive et exacte de qui il est vraiment.
Elle est aussi faite d’une absence d’attente de résultats: si je n’attends rien de toi, que je t’accepte profondément et réellement comme tu es, un mouvement se passe en toi et tu te transformes. Mon attitude crée un mouvement, elle te laisse être comme je me laisse être, mouvement ou non mouvement. Cette attitude te soutient réellement. Ton mouvement de vie est libéré, il te libère et te fait faire le chemin.
A l’inverse tout projet ou attente de la part du thérapeute a valeur d’exigence et bloquent le mouvement de vie.
J’ai pu sentir que cette attitude fondamentale est valable quelle que soit la technique utilisée.

Ma recherche devînt spirituelle

Il y a 15 ans environ, j’avais environ 40 ans, j’intensifiai ma recherche spirituelle.
Tous les maîtres dits et se disant évolués m’avaient déçus. Ils étaient imbus d’eux-mêmes, souvent dans le pouvoir et la manipulation. Assis sur leur trône à répondre aux questions que moi, pauvre con assis par terre, je ne pouvais de toute façon pas comprendre. Ils étaient souvent aussi coûteux qu’inefficaces. Les seuls vrais grands maîtres que j’ai rencontrés ne le disaient pas et ne demandaient pas d’argent pour leur enseignement.
J’entrepris alors des démarches de jeûne et d’immersion dans la nature.
Je reçus, par ce moyen simple et gratuit, les meilleurs enseignements sur les grands principes de l’évolution, sur la puissance de l’énergie de vie etc.
Je compris les structures et les codes énergétiques, la trame énergétique et une sorte d’enseignement téléchargé sous forme de codes d’énergie qui se structurent peu à peu à l’intérieur de soi et amène peu à peu des changements, de nouvelles compréhensions, de nouveaux comportements et des guérisons.
Ce processus passe naturellement par des étapes de purification de tout ce qui n’est pas soi.
J’expérimentai en parallèle l’utilisation vibratoire aussi subtile que puissante de codes énergétiques provenant d’huiles essentielles de certaines plantes.
Cette approche olfactovibratoire est extrêmement puissante. Elle permet de corriger la plupart des désordres énergétiques. Elle donne souvent accès à une ouverture spirituelle.
Elle est le message précis d’une essence d’un végétal qui a atteint son plein épanouissement, à une essence d’être humain en recherche d’épanouissement.
Je crée depuis là des préparations à base de plantes cueillies de manières rituelles, macérées à l’alcool et mélangées avec une ou des huiles essentielles.
Cette approche est à la fois simple et complexe, douce et décapante, mais surtout très efficace.
J’acquis de cette manière de bonnes bases pour une approche chamanique.

Ma rencontre avec l’Ayahuasca

Il y a quelques années je participai à des cercles médecines de traditions mexicaines et amazoniennes avec des plantes comme le peyotl et l’Ayahuasca. Ces cercles se faisaient dans le respect absolu des rituels des populations qui les avaient créés.
Je vécu des expériences aussi profondes qu’intéressantes. Je sentais que ces approches offrent un énorme et puissant potentiel de guérison et de transformation.
Au fil des expériences je me sentais de plus en plus exaspéré par la lourdeur et la place du rituel, le manque d’écoute, d’approche individualisée et par le poids d’une hiérarchie assez macho.
Il me semblait que les vrais problèmes des participants n’étaient jamais abordés.
Après 2 ans d’expérimentation, je cessais de participer à ces rituels, les trouvant inadaptés aux besoins des européens.
Au début 2005, la médecine amazonienne est revenue me chercher. C’était une période où mon activité de thérapeute psychocorporel était en diminution. J’avais refusé un poste d’infirmier-chef pour préserver un espace.
Une chamane française cherchait un endroit pour proposer des cercles médecines avec l’Ayahuasca. Je l’ai rencontrée et j’ai vu quelqu’un qui proposait une démarche différente.
Le rituel, l’aspect sacré était préservé tout en étant connecté à des énergies christiques et cosmiques. Elle incluait des objectifs et des intentions thérapeutiques adaptés aux besoins et aux croyances des européens.
Mes premières expériences furent décapantes et profondes.
Le pouvoir de la plante venait me chercher dans des aspects de moi-même totalement inconnus.
Je vécu à ce moment un intense processus de nettoyage avec un accès progressif à mon JE SUIS.
Je sentais et vibrais totalement le qui je suis vraiment avec l’apparition dans ma vie de changements inimaginables auparavant.
A mon étonnement, davantage de clarté, d’affirmation et de pouvoir, de puissance et d’imagination se manifestaient. Je prenais conscience que j’avais jusque là utilisé peut-être 20 % de mon potentiel.

Actuellement la mode est au chamanisme. Parfois je voyais des individus faire du chamanisme dans un espèce de n’importe quoi, fait d’une touche de rituel autant exotique que farfelu, se vendant fort bien, mais avec des effets discutables et parfois dangereux pour la santé et l’équilibre.
Je n’aimais pas ce: je te dis qui tu es et tu me vois comme un grand maître et tu deviens dépendant et moi je me sens Grand Maître parce que tu t’écrases devant moi … et en plus, tu me le paies. J’avais beaucoup de résistances à me dire chamane.

Un premier voyage d’initiation en amazonie péruvienne dans la communauté Shipibo eu raison de mes résistances.
Avec la reconnaissance de certains chamanes et il devint évident que mon chemin professionnel ferait un détour par l’Ayahuasca.
Un 2ème voyage me mit complètement en contact avec l’évidence de ma puissance mais aussi de mon humilité.
Le première fois que je perçu et ressenti complètement, avec une conscience pure, l’immensité de l’être que je suis, avec une puissance et un potentiel illimité, je me sentis terrorisé. Cette terreur fut remplacée par une grande paix, beaucoup d’amour et d’humilité face à qui je suis vraiment. Au moins une chose que je n’aurais plus jamais à chercher. Même si parfois je me perds encore, et souvent complètement, je sais toujours me retrouver et tout aussi complètement avec joie.
Lorsque j’eus fini mes périodes de nettoyage de tout ce qui n’est pas moi, je reçu de nouveaux enseignements très précis, venus du Grand Pouvoir et de la Sagesse de la plante.
Des phénomènes énergétiques complètement inconnus pour moi devinrent très clairs.
Je me suis engagé depuis dans cette voie de service, abandonnant peu à peu certains de mes objectifs personnels, les remplaçant par les intentions du service de la source de vie; ceci naturellement, sans me sacrifier.
A partir de là, j’anime mes propres cérémonies. Je peux voir clairement la puissance de ce travail et les niveaux complexes et nombreux sur lesquels il agit.
J’ai vu des participants régler rapidement des problèmes de dépendances, de dépressions, de maladies physiques ou de problèmes relationnels.

Plutôt que de me perdre à résoudre ses problèmes, je perçois l’individu dans le niveau d’origine où il se trouve, intact, et comment la vie s’écoule et se structure en lui. Je l’accompagne de manière à ce qu’il puisse sentir qui il est réellement.
L’incarnation totale de son Je suis, son moi profond, le guérit et le transforme de manière évidente et simple.

Si tu ne t’habites pas toi-même, si tu ne sens pas qui tu es, alors d’autres énergies t’habitent et te font agir à leur guise. Tu crois agir, alors que tu n’es que le jouet ou le pantin d’égrégores et de forces qui t’utilisent par la puissance de la trame énergétique. Elles te renforcent dans ce que tu n’es pas, mais que tu crois être. Elles te renforcent dans ce qu’elles sont, te faisant croire que tu es ça. Alors tu te sens fort, mais tu as perdu ton pouvoir.