La sexualité cette énergie qui danse en moi

J’ai passé une grande partie de ma vie à chercher quelque chose dans de nombreuses relations amoureuses. C’était une quête passionnée, démesurée, une recherche aussi effrénée que vaine et insatiable puisque je n’ai jamais trouvé ce quelque chose, ce petit rien, ce grand tout.
Après une rupture plus hard que les autres, je me suis écroulé enfin dans un désespoir aussi douloureux que profond. C’était l’automne, il faisait sombre, la pluie, la nuit, la douleur qui mord, le cœur serré, je crois mourir.
Une nuit plus sombre que les autres, la pluie, le froid et tout à coup une petite lueur aussi fragile que surprenante. Une petite flamme, une grande lumière, un apaisement peu à peu, là sous la douleur. Je n’ai pas compris, j’ai senti.
C’est comme les doigts qui se réchauffent après la neige, mais dans le cœur, étrange.
C’est l’amour qui revient, de je ne sais où, pourquoi? Pour rien, pour moi, oui pour moi. Il se trouvait là, chez moi pas chez ELLES…
Depuis, je le porte en moi comme ça, pour rien, pour moi, pour toi. Si je le perds je sais où le retrouver.
Ce petit Rien ce grand Tout que je partage avec toi.
Cette énergie qui danse en moi et qui s’affole quand je suis avec toi.
Je n’ai plus besoin de ton amour alors je peux t’aimer pour qui tu es et le ressentir en plaisir.

Une sexualité pour rien, pour être, un chemin vers ailleurs

Plutôt que de chercher le plaisir ou de chercher à te plaire, je suis là. Il n’y a d’abord rien mais … J’écoute un petit tout petit frisson qui chatouille en nous. Je ne fais toujours rien. Je me dis que je dois avoir l’air con, que je devrais… Mais je suis là. Le trait d’union entre nous s’est agrandi. L’union s’embrase, sourit. Le laisser être devient plaisir, flamme, femme, homme, volcan, ouragan, plume, chaud et froid, il emporte.
L’horizon s’étend, les parfums se dilatent, la vision éclate. Tout est plus grand, plus loin, cette douce tempête qui réunit, assemble, laisse les corps et les yeux humides. Je te vois, je me vois, je vois, je sais.
Un grand Rien donne presque Tout.
Une énergie née de la rencontre de non-faire grandit, circule, réunit, dilate, éclate, transforme, si je laisse être avec moi … avec toi.

C’est parfois difficile d’oser la vérité, d’oser la vulnérabilité, d’oser voir et montrer sa vraie beauté plutôt que de se préoccuper de bien bander. Aimer la vérité même sans bander?
Il existe des passages, où le temps compte pour passer la porte, en percevoir le sens. Apprendre à prendre le temps de se relier plutôt que de frotter, caresser scientifiquement en cherchant à créer le frisson avec avidité, avec efficacité, à l’affut de la moindre réaction.
Il m’est arrivé dans ces époques de transition, d’apprentissage du renouveau, dans l’inconfort de l’ancien qui ne convient plus et du nouveau qui n’est pas tout à fait prêt, d’entrer en grand doute. Je me disais: « Je passais parfois une nuit avec une femme sans faire l’amour, enlacés pour rien. »
Au matin elle me disait « Merci, c’est la première fois que je ne dois pas payer une nuit dans les bras d’un homme en passant à la casserole ! » ou « J’avais d’abord juste envie d’être vraiment avec toi ! » Je ne la croyais pas et pensais qu’elle me disait ça pour me rassurer. Je me sentais honteux d’avoir besoin d’être en reliance pour aller plus loin et de prendre du temps pour ça.
Passer de la sexualité mécanique qui induit une relation de dépendance (c’est toi qui me fait jouir) à une relation sexuelle où c’est la circulation d’énergie entre les partenaires qui crée, fait traverser des périodes de doutes et de regrets liés au deuil de l’ancien système. Cette manière d’être casse peu à peu la dépendance au profit de la co-création vivante.
Il est parfois nécessaire d’affirmer ses propres valeurs et particularités, affirmer n’est pas imposer.
Merci à toi ô femme initiatrice qui comprend, qui ressent.

Histoire de sexe

Editée par le mouvement anticuirasse génitale

C’est comme une fois, il y a longtemps, un sexe masculin rencontre un sexe féminin. C’est un chevalier, très fier, très droit bien dur avec une armure soyeuse. Elle en reste bouche ouverte, allumée, elle devient rivière pour le recevoir.
Elle ouvre, il entre. Il se met à danser, d’abord un slow, puis un tango qui devient rapidement rock-and-roll endiablé. Avant, arrière, arrière, avant, il est fier et grand quand il va loin. Elle accueille, elle transpire, s’essouffle, se « difforme ». Puis arrive le sommet de la colline et la pente vertigineuse qui suit, ils crient enfin…
Le lendemain, très tôt, trop tôt, il revient. Il est là fier, droit dans son armure de chevalier conquérant. Elle, pas ouverte, se repose.
« Alors » ! S’écrie-t’il impatient.
« Je rêvais » dit-elle endormie. « C’était merveilleux… tu entrais chez moi tout petit, je t’accueillais tout ramolli, toi petit zizi. Alors mon fourreau rassuré se mettait à chanter, à vibrer. Tous les endroits durs de moi s’attendrissaient pour mieux te bercer, t’envelopper.
Tu étais d’abord très vexé, mais la pureté de mon enveloppement et sa douce mélodie t’as rassuré, régénéré, réactivé. Peu à peu tu t’es relevé, regonflé mais sans dureté, sans armure avec sensibilité. Nous étions bien. De peur de rompre le charme nous n’avons presque pas bougé. Il y a eu entre nous une lumière étrange faite de bulles de champagne, de sons vibrants avec des couleurs de coucher de soleil et de clair de lune, un parfum suave. Nous étions de plus en plus envahis, subjugués. Nous avons grandi en vibrant à l’unisson, je ne savais plus ce qui était moi, ce qui était toi.
Puis la grande vague nous a emportés c’était divin, infini, magique. Ce concerto pour vibration totale a été entendu dans tout l’univers, même les cœurs l’ont vécu. J’en suis comme retournée! »

Il est reparti furieux « C’est quoi ces conneries ! » Il n’est jamais revenu et en 2005 il n’a toujours rien compris… Hélas !


Jean-Charles Aubert